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Je parle toutes les langues, mais en arabe


 Abdelfattah Kilito


Abdelfattah Kilito est un auteur aussi éclectique qu'original, aussi érudit que fin. Il y a toujours une pointe d'humour dans ses écrits les plus sérieux et c'est ce qui leur donne une saveur toute particulière. Chose étonnante, il écrit aussi bien en arabe qu'en français et il a d'ailleurs obtenu en 1996, le prix du rayonnement de la langue française attribué par l'Académie Française.
 

On avait beaucoup aimé son précédent ouvrage Dites-moi le songe paru en 2010, sorte de rêverie à mi-chemin entre le récit et l'essai, autour des 1001 Nuits. Son dernier ouvrage séduit d'emblée par son titre Je parle toutes les langues, mais en arabe. "Je ne suis pas, hélas ! l'auteur de cette belle phrase, pas vraiment, pas tout à fait", écrit-il pourtant, expliquant qu'il s'agit là d'une citation modifiée d'un passage du journal de Kafka dans lequel ce dernier évoque une artiste de Prague qui déclarait parler toutes les langues, mais en yiddish.



Citons aussi l'exergue de son ouvrage, où Cioran affirme que "Pour un écrivain, changer de langue, c'est écrire une lettre d'amour avec un dictionnaire" et l'on se rapprochera de la nature du recueil que l'on a entre les mains, réflexions personnelles (écrites le plus souvent au "je") sur les rapports entre la langue et le monde, ou plutôt entre les langues dont sont faits nos mondes: langue orale ou écrite, langue de la tradition qui entretient des liens étroits avec le sacré ou langue du quotidien, langue maternelle et familiale ou langue étrangère, langue des médias ou langue des livres, langue de bois ou langue du plaisir, nous sommes tous finalement plus que bilingues, multilingues assurément. "Comment peut-on être monolingue?", s'exclame d'ailleurs Kilito, et cette interrogation constitue le fil conducteur de la première partie de son ouvrage. On y croise Don Quichotte et Antoine Galland, Roland Barthes et Ibn al Muqaffa', Goethe et Derrida. Kilito commence par Ma'arri et son Epitre du pardon dans laquelle il consacre un passage à la langue du premier homme: Adam parlait l'arabe dans l'Eden, nous dit Ma'arri, mais chassé du paradis, il se mit à parler le syriaque! Ainsi, note Kilito, "l'oubli de la langue originelle est considéré comme un châtiment" et on ne change pas impunément d'espace.

On retiendra aussi ses réflexions sur l'importance des traductions qui ont en fin de compte sauvé la littérature arabe, car au XIXe siècle, celle-ci était "fatiguée, à bout de souffle", et elle "agonisait dans un tête-à-tête épuisant avec ses vieux démons". Et Kilito de citer Goethe: "Chaque littérature finit par s'ennuyer en elle-même si elle n'est pas régénérée par une participations étrangère". Paroles qui disent des vérités qui seraient si bonnes à entendre, sur les deux rives de la Méditerranée et ailleurs.

La deuxième partie de l'ouvrage est d'ailleurs entièrement occupée de questions relatives à la traduction sous le titre Tu ne me traduiras pas. Beau paradoxe que Kilito déploie de différentes manières en affirmant par exemple, citant les travaux d'un essayiste marocain, que "le texte ne survit que parce qu'il est à la fois traduisible et intraduisible" ou encore qu'en littérature, plus l'on s'endette plus l'on s'enrichit, et "qu'une littérature qui ne contracte pas ou plus de dette est promise à la mort". On retiendra également "qu'être dévié de son chemin, dérouté, c'est cela la rencontre, c'est cela la traduction". Kilito insiste sur le rôle de la traduction dans les deux renaissances arabes, celle de l'âge classique, au IXe et Xe siècles et celle de l'époque moderne: dans les deux cas, la culture arabe est confrontée à d'autres cultures; dans les deux cas, un regard critique est porté sur la tradition littéraire, et c'est ce qui permet à la littérature de se renouveler.


On se promènera avec un égal bonheur dans la troisième partie intitulée Dia-logos, et on partagera avec l'auteur quelques interrogations inhabituelles, par exemple "Et si écrire revenait à se tromper de langue?". Il cite à ce propos Abdelkebir Khatibi qui dans Amour bilingue écrit: "N'avais-je pas grandi dans ma langue maternelle comme un enfant adoptif?". Il y a beaucoup de pépites à glaner dans ce très beau recueil.

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