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"Non M. Ménard, il n'existe pas d'origine musulmane", par Mabrouck RACHEDI

Mabrouck RACHEDI
Auteur de "Tous les hommes sont
des causes perdues", 2015,
Ed. L'Age d'Homme
Robert Ménard a déclenché par ses propos sur le fichage des élèves musulmans de Béziers une polémique qui a provoqué de nombreuses réactions . L'écrivain Mabrouck RACHEDI exprime son indignation dans le texte ci-dessous, publié sur le site de l'Express, et que l'AFM2R reprend ici : 
Je me souviens, chaque rentrée scolaire était une vraie galère. Au moment de remplir la fiche de renseignements demandée par chaque prof, j'étais toujours à la traîne pour remplir le nom, le prénom et l'activité professionnelle ou scolaire des membres de ma famille. 

Pendant que mes camarades rendaient déjà leur feuille, je continuais de griffonner en pestant. Il faut dire que j'ai dix frères et sœurs. Le temps manquait autant que l'espace dans le quart de feuille A4 réservé à l'exercice. La fiche contenait la mention "nationalité". Mon souci était de savoir si je devais écrire "française" pour accorder avec le féminin de "nationalité" ou "français" pour accorder avec le masculin de mon genre. C'était mon seul doute : j'étais français, un point c'est tout. 

Si j'étais élève à Béziers aujourd'hui, je serais aussi musulman. Ce n'est pas moi qui aurais décidé de ma religion mais mon prénom. Ce n'est pas moi non plus qui aurais rempli la fiche mais un agent municipal qui dit qui est qui. Je n'aurais même pas la fierté de mentionner que mon frère fait du droit ou que m'a sœur fait médecine. La municipalité s'en fout. Il n'y a que ma religion -réelle ou supposée- qui l'intéresse. Je serais comme "64,9%" des élèves de Béziers un "Mohamed", comme l'affirme Robert Ménard. 

Etre un Mohamed, c'est plus qu'une confession religieuse de la part de Ménard, c'est un aveu d'appartenance communautaire. D'après lui, on peut être "d'origine musulmane", nouvelle ethnie d'une catégorisation des populations. C'est pour aider qu'il place le nom de Mohamed dans un fichier sans lui demander son autorisation. La municipalité de Béziers a un nouvel ami -en plus du revolver qui orne les affiches de sa police- mais elle ne lui a pas demandé son avis. 

"Amicalement fichés"

Mohamed est français mais il sait désormais qu'il n'est pas comme les autres. Il est à part. Comme Mohamed connaît un peu l'histoire de son pays, la France (à ce stade, il semble nécessaire de le rappeler), il sait que d'autres ont eu ce redoutable privilège d'être "amicalement" fichés. La généreuse administration avait pondu un instrument de comptage, devenu progressivement instrument de triage.

Elle aussi prétendait régler un problème auquel elle a répondu par la collaboration à une solution finale dégueulasse. Le maire prétend imposer dans les écoles une blouse blanche (que personne ne met) censée gommer les différences mais elle y agrafe un croissant jaune administratif pour en distinguer certains.  

Mohamed sourit jaune, barrant un autre croissant sur son visage, quand il voit son maire entendu par la police. Le candidat populiste qui avait fait campagne sur la lutte contre la sécurité et les incivilités se trouve dans un commissariat, exactement là où l'infraction à la loi mène. Ménard se débat contre ses propres déclarations en disant que non, toute la France l'a mal compris, il n'a pas constitué de statistiques ethniques. Mais alors il a menti en dégainant un chiffre à la virgule près. Bel exemple d'incivilité, non? 

Les rumeurs circulent sur la réforme de l'enseignement scolaire. L'une d'elles affirme que l'enseignement des Lumières deviendrait optionnel au collège tandis que celui de l'Islam serait obligatoire. Les professionnels de la polémique s'en indignent mais pratiquent dans le débat public ce qu'ils dénoncent. Ils ne voient plus Mohamed comme un citoyen à part entière, bafouant ainsi un héritage des Lumières. Pour "l'aider", un Ménard constitue un fichier en feignant d'ignorer que le problème est dans son regard : Mohamed n'est à ses yeux plus Français, il est Musulman. 

Je me souviens de l'école. Je suis heureux d'avoir grandi à une époque où je n'étais pas le Musulman, même si pour certains j'étais déjà l'Arabe. Gamins, il nous arrivait de nous moquer les uns des autres. Moi à cause de mon prénom, Mabrouck, celui du chien de 30 millions d'amis. Dans le Béziers de Robert Ménard, est-ce qu'être un Mohamed, ce n'est pas pire que d'être un chien? 


Mabrouck Rachedi est écrivain. 
Son dernier roman, Tous les hommes sont des causes perdues, est paru le 5 mars aux éditions L'Age d'homme. 
Source : L'express




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