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La stratégie de défense espagnole et le complexe marocain : les casseroles de « la théorie du complot ».

Entre le Maroc et l'Espagne, les relations de bon voisinage, loués de part et d'autre, n'en occultent pas moins des aprioris qui assombrissent, à l'occasion, le ciel partagé par les deux voisins méditerranéens.  Mariano Rajoy réussira-t-il à laisser bonne impression chez ses hôtes marocains ?


C'est dans une période particulièrement turbulente que le chef du gouvernement espagnol entame une visite officielle au Maroc. L'Espagne, hier encore « success story » dans l'espace européen, n'est
plus que l'ombre d'elle-même. Son économie, à bout de souffle, n'en finit pas de propulser des millions de contestataires dans les rues des principales villes pour protester contre un gouvernement inféodé au marché et à son diktat. Le mouvement des Indignés fait encore parler de lui et représente une lame de fond qui cristallise, à elle seule, toutes les critiques contre la politique austéritaire menée tambour battant. Une austérité qui frappe de plein fouet des milliers de Marocains qui ont émigré vers ce pays.
Si Madrid privilégie, aujourd'hui, une approche plus équilibrée à l'égard de Rabat, en voulant instaurer un dialogue stratégique entre les deux parties, il est opportun de s'interroger sur les véritables intentions du patron de l'Exécutif espagnol dont la formation politique, conservatrice, a de tout temps affiché une réelle animosité à l'endroit du Maroc. Et ce qui complique davantage les choses pour tout observateur n'est autre que le caractère galicien de M. Rajoy. «Lorsqu'on croise un galicien dans un escalier, nul ne sait s'il monte ou s'il descend », résume l'adage populaire espagnol. Et cela transparait y compris dans la gestion de la crise économique par le leader du Parti populaire. Lui qui préfère temporiser et laisser planer le doute quant à ses véritables choix. Alors, lui passera-t-on, du côté marocain, l'instrumentalisation des lobbies agricoles espagnols pour contrecarrer toute renégociation des accords conclu entre Rabat et Bruxelles ? Fermera-t-on les yeux sur les appétits ibériques nourris vis-à-vis des richesses halieutiques marocaines ?
Acceptera-t-on le double langage usuel dans les cénacles politico-diplomatiques dès lors qu'il est question de l'avenir du Sahara marocain ? Passera-t-on l'éponge sur le dédain avec lequel les propositions marocaines ont été accueillies en vue de clore définitivement le passif colonial en engageant un dialogue sur la rétrocession de Sebta, Melillia et des îles qui s'y rattachent à leur ayant droit ? Voilà autant de griefs qui marquent de leur fer « le logiciel Espagne» dans la mémoire collective marocaine. Une mémoire qui se veut sélective pour préserver la paix et la concorde dans la région. Alors que du côté espagnol, on n'hésite pas, à la veille d'un tel déplacement, de faire grand cas du corps expéditionnaire qui a eu du mal à contenir la révolution rifaine. Les décorations pour hauts faits d'arme distribués à l'occasion ne font point occulter le fait historique qui exige réparation. De très lourds soupçons pèsent sur l'armée espagnole qui n'aurait pas hésité à recourir aux gaz létaux contre la population civile. Et ce triste passé ne fait que rejoindre le présent via l'annonce par
Madrid de sa « politique de défense nationale » qui exploite le nouvel environnement que le « printemps arabe » a favorisé dans la région maghrébine pour lancer des messages sibyllins au Maroc. Une politique qui se base sur « les menaces non partagées » qui pèseraient sur l'Espagne et que les forces espagnoles sont dans l'obligation de gérer, seules, sans soutien atlantique, l'article 5 consacré par le traité de Washington sur la défense commune n'englobe pas les Présides. Grand cas est ainsi fait d'une nécessaire fortification des Présides pour contrer toute invasion probable du Maroc des villes occupées. L'Espagne devant, dès lors, maintenir en place une force de dissuasion significative susceptible de contrer tous les dangers.
Voilà comment est conçue la politique de défense espagnole et comment ses artisans l'emballent pour la vendre à une opinion publique obnubilée plus par son pouvoir d'achat que par l'entretien d'un discours belliciste qui légitime plein soutien au complexe militaro-industriel et rééquilibrage budgétaire en faveur de l'armée obligée de se serrer la ceinture. Selon des experts locaux, il ne serait pas étonnant que cette « politique de défense » sorte du laboratoire du SNI (service de renseignement espagnol qui a perdu de sa superbe dans les anciennes colonies de l'Amérique Latine, Argentine et Bolivie notamment) et soit l'ouvre de la sulfureuse Lina Sanchez Blanco, une Matahari qui a vu le jour à Laayoune et qui passe pour être spécialiste es Sebta et Melillia tout en restant fidèle à l'esprit colonial des légionnaires. Des analystes font valoir qu'une telle politique belliciste ne s'explique actuellement que par la volonté de vouloir détourner l'attention de l'opinion des enjeux liés à la crise qui taraude le pays et qui le menace dans son unité, notamment via la montée en puissance des discours indépendantistes, en vogue dans les régions basque, catalane et des canaries. Cela sans oublier les enjeux liés à l'alternance monarchique elle-même.
Certes, les généraux espagnols suivent de près les contrats d'armement que le Maroc a pu conclure, y compris avec des firmes ibériques, au cours de ces dernières années. Comme ils s'inquiètent de laconstruction d'une base navale à Ksar Es-Seghir qui n'est éloignée que de quelques encablures des villes marocaines spoliées. Et nourrissent bien des inquiétudes vis-à-vis du verrouillage radar « high tech » opéré par le Maroc au niveau du Détroit de Gibraltar. Mais est-ce pour autant suffisant pour y voir une rupture de la parité stratégique entre les deux pays incitant à l'établissement d'une stratégie de défense focalisée sur le seul Maroc ? L'objectif est à lire à l'aune de la volonté de l'état-major espagnol de maintenir dans son giron Sebta et Melillia à l'heure où un débat traverse la société sur l'opportunité de l'occupation d'îlots qui ne sont éloignées du littoral marocain que de quelques encablures. Partant, le Maroc est en droit de mettre en équation toutes les prétentions espagnoles quant au renforcement de la coopération bilatérale en vue de hisser les relations entre les deux voisins à un niveau supérieur. Le bien-fondé d'une telle approche, circonspecte, a trait à la gestion du reliquat colonial qui empoisonne le climat des deux côtés de la frontière. Vider l'abcès s'avère, dès lors, capital si volonté réelle existe pour rehausser le niveau de relations équitables. Dépasser les non-dits équivaut à traiter en bonne intelligence l'offre marocaine suggérée naguère quant à la pertinence d'un dialogue bipartite sur le devenir des Présides occupés. Une fois évacué, ce lourd passif permettra à la roue de l'Histoire de tourner librement. Au grand bénéfice de deux peuples voisins disposés à passer à la trappe les clichés. Jusqu'à quand les stratèges du SNI devraient-ils se jouer de l'histoire ? Ceux-là mêmes qui financent les travaux de l'Institut royal d'études stratégiques à Madrid et dont les résultats d'un sondage restent des plus alarmants. On y signale que 87% des Espagnols croient que le prochain conflit opposera l'Espagne au Maroc et que 60% sont favorables à l'indépendance du Sahara.
Voilà comment on formate l'opinion sur l'ennemi voisin assimilé toujours aux moros. Et comment on instrumentalise les partis politiques espagnols pour jouer la partition anti-marocaine dès lors qu'il est question des Présides ou du sahara marocain.

Pr Abderrahmane Mekkaoui

spécialiste des questions militaires et stratégiques.

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