Pourquoi sortir pour La Marche ?
On connaît les bienfaits de la marche pour le corps et l'esprit : une
activité physique au moins trente minutes par jour. Or, les jeunes français des
Minguettes, ce quartier populaire de Lyon, ont eux, marché plus longtemps. Pourquoi ?
En 1983, survient dans les Minguettes un événement tragique : la mort
d’un jeune, un mort de plus. Cela va déclencher une longue marche. La France
est alors « en proie à l’intolérance et aux actes de violences raciales ».
Trois jeunes et le curé du quartier décident de réagir. A la manière de Ghandi
et de Martin Luther King, ils organisent une marche pacifique et citoyenne,
pour l’égalité et contre le racisme.
Partis de Marseille, ils traversent la France et rejoignent Paris à plus de 100 000 marcheurs. La France découvre alors son nouveau visage : diversité et multiculturalisme.
Partis de Marseille, ils traversent la France et rejoignent Paris à plus de 100 000 marcheurs. La France découvre alors son nouveau visage : diversité et multiculturalisme.
C’est à cet événement historique que le jeune cinéaste belge (il avait 4
ans au moment de la Marche), Nabil Ben Yadir, a voulu rendre hommage en réalisant
ce film : « je pense, précise-t-il, que cet événement résonne très
fort aujourd’hui, même si cela s’est passé, certes, il y a trente ans. Imaginer
qu’un jour des jeunes de banlieue aient pris comme référence Ghandi et la
non-violence était à l’antithèse de ce que les médias nous livrent comme image
de ces jeunes. Comme la majorité des gens, je connaissais juste l’arrivée à
Paris et je pensais que c’était seulement un rassemblement. Quand Nadia
Lakhdar, ma co-scénariste qui avait depuis un moment cette idée de scénario, m’a
raconté qu’il y avait eu une marche, qu’elle était non violente, et qu’elle
était partie du film Gandhi de Richard Attenborough, j’ai trouvé
juste et indispensable de la faire revenir au cinéma puisqu’elle avait démarré
avec le cinéma ».
Le film, sorti le 27/11/14 sur les écrans,
rappelle donc que le combat contre le racisme et l’intolérance (on croit
entendre Voltaire du fond du XVIIIe siècle !) est toujours d’actualité. Et
pour cause ! Notre actuelle ministre de la justice en sait quelque chose,
elle que l’on a traitée de singe : « mange-la ta banane la
guenon » ou encore « je préfère la voir sur un arbre plutôt qu’au
gouvernement ». C’était en décembre … 2013!
Il y a bien besoin de marcher encore, et surtout vers les urnes. Les
jeunes citoyens ont ainsi adopté un nouveau slogan : « on ne marche
plus, on vote !» De la marche physique à la marche civique il n’y a qu’un
pas, que 50 % (INSEE) de jeunes n'ont pourtant pas encore franchi.
Alors les jeunes futurs citoyens et les moins jeunes, sortent pour La
Marche pour comprendre pourquoi, à l’image de Gandhi et Martin Luther
King, les jeunes français des Minguettes ont marché si longtemps. Ils sortent
pour respirer l’ouverture, la tolérance, et le vivre ensemble.
Ils sortent pour s’enrichir de la différence et devenir de vrais adultes, c’est-à-dire, des femmes et des hommes, capables de se servir de leur raison, capables de discernement, aptes à distinguer l'information de la manipulation, par eux-mêmes.
Ils sortent pour s’enrichir de la différence et devenir de vrais adultes, c’est-à-dire, des femmes et des hommes, capables de se servir de leur raison, capables de discernement, aptes à distinguer l'information de la manipulation, par eux-mêmes.
Capables d’être des êtres humains. Simplement.
Abdellatif Chamsdine
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