Un mal qui répand l’égarement,
Mal que la Terre en son acharnement
Inventa pour provoquer les catastrophes dans les pays
Capable de ruiner en quelque jour un pays
Faisait aux peuples le malheur.
Ils payaient tous, mais tous étaient indignés :
On n’en voyait point d’occupés
Ministres et députés épiaient
La douce et innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d’amour, partant plus de joie.
Sa Majesté en Europe tint conseil, et dit : Peuple docile,
Je crois que la Terre a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie, car plus un seul petit euro
Peut-être on obtiendra la guérison commune.
L’histoire nous apprend qu’en de tels imprévus
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L’état de notre finance,
Malheureusement, mon salaire j’ai dû tripler
Oui, j’ai bien dépensé, nuit et jour sur des plages privées,
Vois, cher peuple docile, ce n’est toujours pas assez.
Je me dévouerai donc, honnête comme je suis ; mais je pense
Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable disparaisse.
-Majesté, dit la majorité, vous êtes trop bon Président ;
Vos scrupules font voir trop de sagesse ;
Et bien, profiter de vos belles vacances !
Est-ce un péché ? Non, non ! Vous fîtes bien Majesté,
Enrichir les autres avec beaucoup de bonheur.
Et quant aux plages privées l’on peut dire
Qu’elles étaient dignes de votre honneur.
Ainsi dit la majorité, et flatteurs d’applaudir,
On n’osa trop approfondir.
Parlement, députés, G20 et autres puissances,
Ont compris ces pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
Le peuple vint à son tour et dit : j’ai souvenance
Que l’odeur du pain chaud sortant des Boulangeries Elysées,
La faim, l’occasion, ce pain tendre, et je pense
Quelque diable aussi nous poussant,
Nous avons manifesté les ventres vides devant votre Majesté
Nous n’en avions nullement le droit, puisqu’il faut parler net.
A ces mots les CRS crièrent haro sur les misérables.
Un député quelque peu clerc prouva par son discours
Qu’il fallait dévouer ces maudits coupables
Ces fainéants, ces incapables, d’où venait tout le mal.
Leur peccadille fut jugée un cas pendable.
S’indigner et manifester devant les Boulangeries Elysées !
Quel péché abominable !
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de la cour vous rendront blanc ou méprisable.
Auteur anonyme,
Parodie de la Fable d’origine : « Les Animaux malades de la peste » de La Fontaine (Fables, VII,1)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire