En dépit de son
caractère massif et récurrent, l’islamophobie est faiblement combattue par les
pouvoirs politiques et rarement dénoncée par ceux qui ont coutume de s’ériger
en conscience morale.
Tout commence
peut-être avec la désinformation qui entoure la définition et l’origine du mot.
Qui n’a pas entendu une Caroline Fourest affirmer, au mépris de toute vérité,
que le terme « islamophobie » a été inventé par les mollahs iraniens, alors
qu’il est apparu au début du XXe siècle sous la plume d’orientalistes français
imprégnés de culture coloniale ?
Délégitimer le concept en l’attribuant à
l’Iran, n’est-ce pas déjà légitimer la chose ? De même, l’idée défendue naguère
par l’ancien directeur du Point, Claude Imbert, selon laquelle l’islamophobie
relèverait du droit à la critique d’une religion connaît toujours un vif
succès.
Une critique n’est pourtant pas censée se transformer en phobie,
c’est-à-dire en frayeur pathologique. Sauf à vouloir déclencher ce réflexe de
peur qui est à l’origine de tous les racismes.
Alimentée par une série de
soupçons et d’amalgames, l’islamophobie « crispe les relations sociales »,
comme l’ont écrit les sociologues Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed
(Islamophobie, La Découverte, 2013). Et elle « forge des handicaps qui, pour
certains, s’ajoutent à d’autres difficultés sociales, comme le fait d’être une
femme [ou] de résider dans un territoire disqualifié et mal desservi ».
En
dépit de son caractère massif et récurrent, l’islamophobie est faiblement
combattue par les pouvoirs politiques et rarement dénoncée par ceux qui ont
coutume de s’ériger en conscience morale. Cela résulte en partie du fait que ce
racisme se manifeste souvent « sous la forme d’actes de basse intensité » : le
délit de faciès ou la discrimination à l’embauche, par exemple.
Mais les
politiques ne s’en tiennent pas à un silence complice. Depuis une dizaine
d’années, ils ont fortement contribué à stigmatiser nos concitoyens musulmans.
Une parole officielle a diffusé un venin dans toute la société. Il nous est
donc apparu comme une évidence que Politis devait prendre part à la Journée
internationale contre l’islamophobie du 13 décembre.
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